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Là encore on nous effraie avec des sondages soi-disant affolants. En France 95% des jeunes entre 15 et 17 possèdent un téléphone portable. Et alors ? Qu’est que cela change pour nous, sinon de savoir que 95% des parents des 15 – 17 ans répètent comme nous toute la journée : « POSE TON TÉLÉPHONE ! »

Vous vous sentez dépassés par l’ampleur prise par cet « objet » dans le quotidien de votre enfant et votre vie de famille ? Il est temps de changer tout ça. Au lieu de se désespérer passivement, pourquoi ne pas vous mettre en action ?

Opportunités et risques

Opportunités

  • Multifonctionnalité : l’attrait des smartphones et des tablettes n’est pas le fruit du hasard. Il est tout simplement pratique de pouvoir faire plusieurs choses différentes avec un seul et même appareil.
  • Connexion et flexibilité : s’orienter dans une ville qu’on ne connaît pas, trouver une correspondance de bus, convenir rapidement d’un rendez-vous, entretenir ses contacts ou consulter ses E-mails quels que soient l’heure et le lieu… L’accès à Internet par réseau mobile simplifie notre vie.
  • Aide organisationnelle : les smartphones facilitent la planification du quotidien familial et les échanges. Les parents sont rassurés lorsqu’ils savent que leur enfant est joignable où qu’il soit. Mais les jeunes se sentent eux aussi plus en sécurité lorsqu’ils ont leur smartphone avec eux.
  • Sentiment d’appartenance : le souhait de se sentir lié à autrui est un besoin humain fondamental. Pour les enfants et les jeunes, le téléphone portable permet justement d’assouvir ce besoin d’appartenance : il fait office d’accessoire de mode et de symbole de statut. Il est aussi essentiel pour la communication et l’échange au sein d’un cercle d’amis, que ce soit avec une ou plusieurs personnes.
  • Divertissement et apprentissage : les applications de jeu et les films téléchargés sont des divertissements bienvenus pendant les longs trajets en voiture ou en train. Il existe aussi de nombreuses applications pédagogiques ou éducatives qui aident à faire les devoirs et éveillent la curiosité. De plus, Internet permet à tout moment de répondre aux questions qui viennent à l’esprit.
  • Archivage : les capacités de mémoire toujours plus importantes permettent de conserver et de documenter des souvenirs et des expériences personnelles.
  • Détente : bon nombre de jeunes utilisent les diverses possibilités du smartphone pour décompresser. Ils écoutent de la musique, font un jeu, regardent des photos de leurs amis ou tchattent, s’inventant ainsi des rituels, par exemple avant d’aller se coucher.

Risques

  • Possibilités d’achat intégrées : de nombreuses applications sont proposées gratuitement. En fin de compte, elles sont souvent conçues de telle sorte qu’il faut débloquer des fonctionnalités supplémentaires contre paiement ou que seule une version de base est gratuite. De tels mécanismes ne sont pas toujours reconnaissables ni compréhensibles, en particulier pour des enfants. Les possibilités d’achat intégrées sont particulièrement répandues, notamment dans les jeux vidéo.
  • Autres pièges à coûts : il faut veiller par exemple à ne pas cliquer sur des publicités et faire attention aux jeux de hasard ou aux services à valeur ajoutée par SMS ou MMS. Ces derniers, par la signature involontaire de contrats (par ex. pour avoir accès à des jeux ou à des contenus érotiques), la consultation de contenus sportifs ainsi que le téléchargement de logos ou de sonneries, peuvent faire gonfler la facture de téléphone. Le téléchargement peut s’avérer coûteux également via l’activation de fonctions push, à savoir des contenus qui s’actualisent automatiquement (mur Facebook, courriels, météo, etc.) et qui établissent des connexions de données onéreuses. Outre les différents tarifs, il faut aussi faire attention aux frais d’itinérance à l’étranger.
  • Actes déplacés, involontaires, interdits : l’omniprésence des smartphones entraîne divers phénomènes néfastes auxquels il faut sensibiliser les enfants et les jeunes :
    → Sexting 
    → Cyberharcèlement
  • Le Bluetooth et les E-mails permettent de recevoir sans le vouloir des contenus problématiques ou non adaptés à son âge.
  • En outre, le partage de musique ou de films non-libres de droits est illégal.
  • Sécurité : ce thème englobe différents aspects : protection des données personnelles, par exemple contre le vol, les virus, les maliciels, etc. Il faut éveiller la conscience des enfants et des jeunes à ce sujet. 
  • Utilisation excessive : compte tenu de l’importance que prennent les smartphones dans la vie de chacun, nombre de parents se demandent si leur enfant est accro à son téléphone. La peur de ne plus être joignable et de ne pas pouvoir se tenir au courant est appelée « nomophobie » (de l’anglais no mobile-phone phobia).
  • Aussi, l’obligation latente d’être joignable en permanence et de devoir répondre rapidement aux messages peut être source de stress.
  • Risques pour la santé : il convient d’utiliser smartphones et tablettes avec modération, quand bien même il existe peu d’études (notamment à long terme) qui examinent sur leur impact sur la santé. Les médecins alertent par exemple quant aux défauts de posture qui en découlent, le fait de pencher la tête et de plier la nuque pouvant, à la longue, entraîner des problèmes musculaires. Les ondes électromagnétiques peuvent influer sur l’activité cérébrale et provoquer des troubles du sommeil et de la concentration.
  • Mauvaise conscience : une fois de plus, on a passé sur le smartphone plus de temps qu’on n’en avait l’intention. L’ambivalence quant à l’utilisation du smartphone peut susciter des émotions négatives. Là aussi, il est utile d’en parler et de définir des règles.

Quelques conseils de base :

1° Éviter de diaboliser 

Première chose, on dédramatise. En offrant ou en laissant quelqu’un de bien intentionné offrir un smartphone à votre enfant, vous n’avez pas commis l’irréparable. Vous avez cédé à cette irrésistible envie de lui faire plaisir, à la pression du très célèbre et souvent mensonger “tous mes copains en ont”,  à la conviction que ce sera quand même bien pratique qu’il puisse vous appeler s’il loupe son bus (ben, oui c’est quand même arrivé 1 fois en 7 ans). Bref, vous avez sauté le pas. Jusqu’ici rien de grave. Au contraire vous lui avez offert l’occasion de se faire plein de nouveaux amis, d’être en permanence au téléphone avec sa tribu existante, d’avoir une salle de jeu portable sur lui, mais aussi une stéréo, une lampe de poche, une calculatrice, un podomètre, un appareil photo, un dictionnaire, etc. Pour les ados le téléphone est un outil d’information et d’expression infini. Ils vivent tant de changements intenses : leur corps, leurs émotions, leurs envies, etc. Leur identité est en pleine construction, toutes ces informations qu’ils stockent dans leur téléphone leur permettent d’avoir des repères et leur assure une certaine stabilité.  Certains psys le comparent, à tort, à un doudou. En réalité, c’est tout le contraire. Certes, il le prend partout, certes il est perdu sans lui et semble parfois “accro” mais la comparaison s’arrête là. Le doudou c’est un lien vers l’enfance et la dépendance affective avec ses parents, tandis que le portable est un lien vers l’indépendance. Bref, l’objet en lui-même ne pose pas problème, il est plutôt une bonne chose, tout dépend de l’usage qu’on en fait. 

Donc, on déculpabilise, on se détend et on trouve  le temps et l’énergie de transmettre à notre ado le mode d’emploi qui va avec cette “prolongation de sa main”. 

2° Informer et prévenir des risques

“Ce serait bien quand même que l’école sensibilise les jeunes aux risques et dérives liés aux nouvelles technologies”. Combien de fois j’ai entendu cette phrase… Bien sûr l’école a un rôle à jouer, mais la plupart des ados que je connais ont 1, voire 2 (voire 4) figures parentales qui peuvent aussi prendre le temps de les sensibiliser. Juste leur expliquer, avec tout votre bon sens, ce qu’est le droit à l’image, que les écrits restent, que le petit ami du moment sera peut-être un jour un ex-petit ami, qu’il est possible de limiter l’accès à ses données aux personnes qu’on choisit, que critiquer un prof sur Facebook n’est pas sans risque, que son intimité mérite d’être préservée, etc.

3° Mettre des règles

Tant de parents semblent désemparés de voir combien leur jeune passe de temps sur son téléphone portable.-“Tu te rends compte, il dort carrément avec !”. – “Ha ouais ? Incroyable !” Mais ce qui est  “incroyable” ce n’est pas que l’adolescent ait l’idée de le faire, parce qu’un ado ça n’a jamais prétendu être raisonnable. Ce qui est plus surprenant c’est que les parents le laissent faire. Y a-t-il une loi que j’ignore qui a décrété que l’utilisation du téléphone portable échappait totalement à l’autorité parentale ? J’ai parfois cette impression. Le problème c’est que les ados (et les enfants) ont très vite compris la force du chantage émotionnel. Ils n’ont pas besoin de savoir l’épeler pour comprendre que dès qu’ils disent un truc du genre “mais tu n’y comprends vraiment rien, c’est tellement important pour moi, …” le doute jaillit.  Mon Dieu, avoir lu autant de livres de Dolto et finalement ne pas comprendre son enfant, quel échec ! Sous-prétexte que le portable le relie à ses amis, sous-prétexte que tout sa vie y est consignée (musique, photo, etc.), sous-prétexte qu’il joue en réseau et que TOUT son clan compte sur lui. Ils finiraient presque par nous faire croire que lui demander de poser son téléphone c’est de la maltraitance.

Demander à son ado de déposer le téléphone portable en dehors de sa chambre après 21h00 (ou autre heure à définir) c’est juste préserver son sommeil qui est essentiel pour lui (croissance, mémorisation, etc…). Lui demander de ne pas prendre son smartphone à table, c’est juste permettre à son cerveau d’enregistrer l’information qu’il est train de manger et par la même occasion de lui inculquer une règle élémentaire de savoir-vivre.

4° S’intéresser

Le téléphone portable fait partie de l’univers de nos ados, soit, alors efforcez-vous de vous y intéresser. Vous savez sûrement combien de temps il passe sur son smartphone (non pas vraiment en fait, mais vous savez que c’est TROP), mais savez-vous à quoi il consacre ce temps ? Après tout, peut-être qu’en cachette il apprend Wikipedia par cœur ? Ce n’est parce que vous êtes accro à Candy crush que votre ado l’est forcément. Pensez à lui demander de temps en temps à quels jeux il joue, demandez-lui de vous montrer ses “selfies”, de vous faire écouter le dernier morceau de musique qu’il a téléchargé. Pour l’ado, son portable c’est un peu comme le tiroir secret quand il était plus petit, plein de trésors, de souvenirs, d’objets fétiches, etc. Pas question de fouiller dedans, mais demandez lui s’il est d’accord de vous en montrer un extrait de temps en temps, ça vous permettra de créer un moment de partage avec lui.

5° Montrer l’exemple

Bien sûr, si vous vous êtes toute la journée sur votre portable, ça n’a rien à voir, c’est pour le travail, pour organiser la vie de famille, etc… Je suis d’accord avec vous, pas question de se justifier, on est adulte on fait ce qu’ON VEUT. Oui, mais quand même, il faut montrer l’exemple et être cohérent. Si on dit « Pas de smartphone à table ! », c’est pour tout le monde.