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Eduquer pour endiguer 

La première solution pour lutter contre le cyber-harcèlement est la sensibilisation et l’éducation des parents à Internet afin qu’ils puissent à leur tour éduquer leurs enfants. Des réunions de prévention contre le cyber-harcèlement sont organisées dans les écoles élémentaires : le but est de sensibiliser les CM2 et leurs parents au cyber-harcèlement qu’ils seront susceptibles de rencontrer à leur arrivée au collège. Tous les parents ne maîtrisent pas bien les bases contrairement aux enfants qui « savent s’en servir mais sans connaître les conséquences de leurs gestes ». Dans certaines écoles jusqu’à 80 à 90% des élèves de CE2, CM1 et CM2 seraient déjà détenteurs d’un téléphone portable.

Là est le nœud du premier problème : la plupart des parents, ayant une certaine méconnaissance du Web et des réseaux sociaux, n’éduquent pas leurs enfants aux risques auxquels ils peuvent être confrontés. C’est ce qui est arrivé à Myriam, qui a donné le mot de passe de son compte instantané de messagerie MSN et de son blog Skyrock à une des deux filles qui l’a harcelée, lorsqu’elles étaient encore amies. « J’étais un peu naïve et je leur ai donné par gage d’amitié. Une fois, je suis rentrée de l’école et je me suis rendue compte que quelqu’un avait piraté mon compte MSN, avait modifié mon statut en insultant tous mes amis, et avait renommé un groupe « Pour les grosses putes comme Myriam ». Lorsque Myriam en a parlé à sa mère, elle lui a conseillé de changer de mot de passe, mais les dégâts étaient déjà faits.

Résultat, Internet est perçu par les mineurs comme une « cour de récréation planétaire » dans laquelle ils peuvent faire comme bon leur semble et où les réseaux sociaux servent de défouloir. Sans repères et avec l’impression de ne pas être dans la réalité, harceler devient beaucoup plus simple.

Justine Atlan dirige e-Enfance, une association agréée par le ministère de l’Education nationale pour prévenir et intervenir dans les établissements scolaires : « Nous organisons le soir des  réunions pour les parents, pour leur dire ce que l’on a pu voir des usages de leurs enfants la journée et pour les rendre co-acteurs de la prévention. Nous faisons de la prévention directement auprès des enfants car nous sommes dans l’urgence mais c’est aux parents de transmettre les bonnes pratiques et d’inclure cela dans l’éducation. C’est eux qui transmettent les valeurs et les principes à leurs enfants, ils doivent seulement prolonger cela sur internet ».

L’école, lanceuse d’alerte

Le cyber-harcèlement s’étend partout et tout le temps, mais c’est à l’école que le harcèlement commence. C’est le constat que dresse Justine Atlan: « C’est le lieu où se rencontrent les enfants, ou se crée le lien social pour les ados. De plus, le cyber-harcèlement est pris dans une dynamique de harcèlement plus générale. Ça se passe sur Internet le soir et ça revient à l’école le lendemain et vice-versa, et des conflits dégénèrent à cause de ça. » Myriam, dont le cyber-harcèlement a commencé en sixième, a rencontré les deux harceleuses à son collège. « Au début, nous étions amies et elles ont commencé à ne plus me parler au collège et à s’en prendre à moi sans raison particulière. Les insultes et les moqueries ont commencé à l’école puis ont continué sur Internet ».

Il ne s’agit pas seulement de prévenir et d’éduquer les parents, mais également de surveiller et d’alerter au quotidien en faisant de l’école un levier d’action. Le gouvernement a ainsi mis en place un certain nombre de mesures pour pousser à la vigilance dans l’environnement scolaire. Par exemple, dans chaque  académie et dans chaque département, il existe en tout 250 « référents harcèlement » qui sensibilisent, forment, et sont disponibles en cas de problème.

Pourtant, le corps enseignant est souvent dépassé par le phénomène, qui ne peut que le constater mais n’a pas de moyens d’actions réels. Les établissements scolaires, désemparés, finissent même par solliciter de l’aide : « Nous avons beaucoup de demandes de professionnels. Soit ce sont des professionnels de l’éducation purs et durs, soit péri-éducatifs (infirmières scolaires, CPE, éducateurs) » avoue Justine Atlan.

Une directrice d’une école élémentaire déclare : « On fait de la prévention car c’est notre seul moyen d’action. Mais on est vite dépassés par les évènements. Je connais des histoires terribles, lorsque j’ai fait un séjour au collège et que j’ai été confrontée à ce genre de phénomène. »