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« C’est à l’école de bâtir une éthique du numérique »

Jean-Pierre Bellon est professeur de philosophie et président de l’Association de prévention des phénomènes de harcèlement entre élèves (APHEE) depuis 2006. Sa mission est de former et d’aider les professionnels à répondre à ce type de violences.

Comment régler un cas de cyber-harcèlement ?

Harcèlement et cyber-harcèlement se tiennent par la main, l’élève harcelé sur les réseaux sociaux l’est aussi en classe la journée. C’est à l’école et au personnel éducatif de prendre en charge toutes les situations de harcèlement. C’est inscrit dans la loi depuis 2013. Mais dans les faits, les équipes encadrantes sont souvent désarmées et faute disposer des bonnes méthodes, elles commettent souvent des fautes. La sanction des harceleurs est parfois nécessaire, mais elle ne peut pas à elle seule faire cesser le harcèlement. Pour l’interrompre, il faut s’occuper de tous ceux qui ont pris part au harcèlement. D’où l’intérêt de la méthode Anatol Pikas dite de la préoccupation partagée que nous utilisons actuellement. Elle consiste en une série d’entretiens individuels avec les harceleurs au cours desquels on recherche comment ils peuvent trouver eux-mêmes une issue au problème dont ils sont l’origine. Cela est long mais très efficace.

C’est donc uniquement au personnel enseignant d’éduquer et de lutter contre ce phénomène ?

Une fois encore, oui, c’est à l’école d’intervenir. Si l’école n’éduque plus il y a des questions à se poser. La prévention commence avec un travail de réflexion avec les élèves. En décortiquant certains cas qui se sont produits comme nous l’avons fait avec Bertrand Gardette dans notre dernier ouvrage, on se rend compte que tous auraient pu être arrêtés avant l’issue fatale si la parole des adultes s’était interposée. Pourquoi un ado qui reçoit une photo à caractère sexuel ne la détruit-il pas immédiatement ? Pourquoi la réexpédie-t-il ? Et pourquoi ces mêmes élèves se retournent-ils contre la victime dès que la photo est diffusée ? Il faut que toutes ces questions soient débattues en classe avec les jeunes. Quel éducateur peut prétendre que ce n’est pas son rôle ?